Charleroi. Pont de Waterloo. Le camion FN (1935-1937) de dépannage numéro 3 de la STIC.Cliché : Geoffrey Tribe, le 12 octobre 1972 Collection Michel Reps
Fermeture de l'usine Audi
Article RTBF - Jean-François Noulet - 27/02/2025
Après trois quarts de siècle d’existence, l’usine d’assemblage automobile de Forest cesse ses activités ce 28 février 2025. Les portes se referment sur les dernières chaînes de montage où étaient assemblés, ces dernières années, des véhicules de la marque Audi. Il faut remonter à 1949 pour voir sortir les premières voitures du site de Forest. A l’époque, c’est le groupe D’Ieteren, importateur de voitures, qui était aux manettes. L’usine est ensuite passée dans les mains de VW avant la dernière ligne droite pour le compte d’Audi.
D’Ixelles à Forest : D’Ieteren voit plus grand
C’est au groupe D’Ieteren que l’on doit le projet de construire une usine d’assemblage automobile à Forest.
Depuis les années '30, D’Ieteren, groupe familial déjà plus que centenaire, s’est lancé dans l’importation et la distribution de marques automobiles américaines. Assez rapidement, ce sont des châssis et des pièces de carrosserie qui sont importés pour être assemblés dans les ateliers de D’Ieteren, au Mail à Ixelles. Ces installations devenues trop étroites, Pierre D’Ieteren, le patron, décide, après la seconde guerre mondiale, de construire une usine à Forest. L’usine porte le nom d'"Anciens Etablissements D’Ieteren Frères". La taille de l’usine est encore modeste, environ 14.000 m2. Les premiers véhicules, toujours de la marque Studebaker, sortent des nouveaux ateliers à partir de 1949. Au total, ce sont 19.000 voitures et près de 3000 camions "américains" qui y seront assemblés.
Le montage de véhicules américains, Studebaker et Packard, se poursuivra jusqu’en 1960.
Les débuts de l’assemblage de VW à Forest
En 1949, D’Ieteren élargit son portefeuille d’activités et devient l’importateur belge du groupe Volkswagen. En quelques années, le site de Forest s’agrandit et devient aussi un lieu d’assemblage de véhicules de la marque allemande.
En 1954, les ouvriers de l’usine de Forest assemblent des Coccinelles. La superficie des bâtiments est passée à plus de 300.000 m2. Jusqu’à la fin de la production, en 1975, pas moins de 1.143.664 exemplaires de la Coccinelle auront été construits à Forest. En plus de la Coccinelle, les ouvriers de l’usine de Forest ont aussi construit des VW Transporter et Karmann-Ghia. Entre 1950 et 1960, des Porsche (Modèle 356) sont aussi assemblées à Forest.
1970 : D’Ieteren passe la main à VW
Le succès de la Coccinelle nécessite de voir plus grand. Il faut augmenter la production. Le 31 décembre 1970, le groupe VW rachète l’usine au groupe D’Ieteren et la modernise. La nouvelle firme porte désormais le nom de "Volkswagen Bruxelles S.A. – Brussel N.V." A partir de là, au total, six millions et demi de voitures sortiront des chaînes de montage bruxelloises, dont la VW Golf et la Passat, mais aussi d’autres modèles des marques Volkswagen, Iltis, Seat et Audi.
Au fil des années, la capacité de l’usine grandit et le site s’étend avec de nouvelles installations de production. Au sein du groupe VW, le site forestois est reconnu pour sa productivité, sa souplesse et sa capacité à s’adapter à différents types de véhicules. Au passage, au milieu des années 2000, c’est l’Automotive Park, un complexe de 65.000 m2 destiné à accueillir les sous-traitant de l’usine VW et le service logistique, qui est aménagé sur le site de Forest. A l’époque, cet investissement, soutenu par les autorités bruxelloises, rassure, car il permet de croire à l’ancrage à long terme du groupe allemand en terre bruxelloise.
2006 : le premier coup de massue
Le projet de l’Automative Park est à peine né qu’une douche froide s’abat sur les travailleurs de VW Forest. En 2006, le groupe VW est en surcapacité et décide de limiter sa production. Pour sauver les usines allemandes, VW a l’intention de fermer l’usine de Forest et l’annonce aux syndicats de l’entreprise, fin novembre 2006. A l’époque, 5300 personnes travaillent à VW Forest.
Début janvier 2007, en grève depuis un mois et demi et l’annonce de la direction de VW, les travailleurs votent par référendum pour la reprise du travail aux conditions d’Audi.
Un bras de fer se joue alors entre syndicats et direction du groupe. Le Premier ministre Verhofstadt et les autorités politiques abattent les quelques cartes qu’ils ont en main pour tenter de convaincre le groupe VW d’assurer un avenir au site forestois. Finalement, c’est la filiale Audi qui reprend le site, mais cela ne se fait pas sans casse sociale. Plus de 3000 personnes perdent leur job.
C’est au groupe D’Ieteren que l’on doit le projet de construire une usine d’assemblage automobile à Forest.
Depuis les années '30, D’Ieteren, groupe familial déjà plus que centenaire, s’est lancé dans l’importation et la distribution de marques automobiles américaines. Assez rapidement, ce sont des châssis et des pièces de carrosserie qui sont importés pour être assemblés dans les ateliers de D’Ieteren, au Mail à Ixelles. Ces installations devenues trop étroites, Pierre D’Ieteren, le patron, décide, après la seconde guerre mondiale, de construire une usine à Forest. L’usine porte le nom d'"Anciens Etablissements D’Ieteren Frères". La taille de l’usine est encore modeste, environ 14.000 m2. Les premiers véhicules, toujours de la marque Studebaker, sortent des nouveaux ateliers à partir de 1949. Au total, ce sont 19.000 voitures et près de 3000 camions "américains" qui y seront assemblés.
Le montage de véhicules américains, Studebaker et Packard, se poursuivra jusqu’en 1960.
Les débuts de l’assemblage de VW à Forest
En 1949, D’Ieteren élargit son portefeuille d’activités et devient l’importateur belge du groupe Volkswagen. En quelques années, le site de Forest s’agrandit et devient aussi un lieu d’assemblage de véhicules de la marque allemande.
En 1954, les ouvriers de l’usine de Forest assemblent des Coccinelles. La superficie des bâtiments est passée à plus de 300.000 m2. Jusqu’à la fin de la production, en 1975, pas moins de 1.143.664 exemplaires de la Coccinelle auront été construits à Forest. En plus de la Coccinelle, les ouvriers de l’usine de Forest ont aussi construit des VW Transporter et Karmann-Ghia. Entre 1950 et 1960, des Porsche (Modèle 356) sont aussi assemblées à Forest.
1970 : D’Ieteren passe la main à VW
Le succès de la Coccinelle nécessite de voir plus grand. Il faut augmenter la production. Le 31 décembre 1970, le groupe VW rachète l’usine au groupe D’Ieteren et la modernise. La nouvelle firme porte désormais le nom de "Volkswagen Bruxelles S.A. – Brussel N.V." A partir de là, au total, six millions et demi de voitures sortiront des chaînes de montage bruxelloises, dont la VW Golf et la Passat, mais aussi d’autres modèles des marques Volkswagen, Iltis, Seat et Audi.
Au fil des années, la capacité de l’usine grandit et le site s’étend avec de nouvelles installations de production. Au sein du groupe VW, le site forestois est reconnu pour sa productivité, sa souplesse et sa capacité à s’adapter à différents types de véhicules. Au passage, au milieu des années 2000, c’est l’Automotive Park, un complexe de 65.000 m2 destiné à accueillir les sous-traitant de l’usine VW et le service logistique, qui est aménagé sur le site de Forest. A l’époque, cet investissement, soutenu par les autorités bruxelloises, rassure, car il permet de croire à l’ancrage à long terme du groupe allemand en terre bruxelloise.
2006 : le premier coup de massue
Le projet de l’Automative Park est à peine né qu’une douche froide s’abat sur les travailleurs de VW Forest. En 2006, le groupe VW est en surcapacité et décide de limiter sa production. Pour sauver les usines allemandes, VW a l’intention de fermer l’usine de Forest et l’annonce aux syndicats de l’entreprise, fin novembre 2006. A l’époque, 5300 personnes travaillent à VW Forest.
Début janvier 2007, en grève depuis un mois et demi et l’annonce de la direction de VW, les travailleurs votent par référendum pour la reprise du travail aux conditions d’Audi.
Un bras de fer se joue alors entre syndicats et direction du groupe. Le Premier ministre Verhofstadt et les autorités politiques abattent les quelques cartes qu’ils ont en main pour tenter de convaincre le groupe VW d’assurer un avenir au site forestois. Finalement, c’est la filiale Audi qui reprend le site, mais cela ne se fait pas sans casse sociale. Plus de 3000 personnes perdent leur job.
L’ère Audi
Nous sommes en 2007, le 14 mars. Le patron d’Audi et les représentants syndicaux scellent les bases de la poursuite des activités. Un nouvel accord salarial est conclu pour les quelque 2100 emplois qui sont conservés sur le site, avec de nouvelles conditions de rémunération, plus de flexibilité et une augmentation du temps de travail. Volkswagen Forest devient officiellement Audi Brussels.
Entre 2007 et 2009, les ouvriers restants de Forest produiront encore quelques modèles des gammes VW et Audi (VW Golf et Polo et Audi A3). Une fois la page de la production des derniers modèles VW tournée, le site de Forest devient le seul site du groupe Audi à produire l’Audi A1, le modèle d’entrée de gamme du constructeur allemand, modèle qui sera fabriqué à Forest jusqu’en 2018 à près d’un million d’unités.
Le 14 octobre 2014, la direction de l’usine et les autorités célèbrent en grande pompe la fabrication de la 500.000ème Audi A1 sur le site d’Audi Brussels.
Ensuite, Audi décide de revoir l’organisation de l’usine de Forest pour l’adapter à la production de véhicules électriques avec l’arrivée de la nouvelle Audi e-tron, un SUV. Lors de ces trois dernières années, c’est le gros SUV de la gamme électrique d’Audi qu’Audi Brussels assemble.
Le 14 décembre 2022, Audi Brussels, encore enthousiaste, lance la production de l’Audi Q8 e-tron à Forest.
Malheureusement, les chiffres de ventes des modèles électriques Audi ne suffisent pas et en février 2024, la direction du groupe annonce que le modèle Q8 produit à Forest le sera finalement en Chine et au Mexique. Quelques mois plus tôt, à l’automne 2023, les travailleurs de Forest apprennent qu’ils ne produiront finalement pas le modèle Audi Q4 contrairement à ce que la direction avait planifié. A partir de ce moment-là, les perspectives ne sont pas bonnes pour l’avenir du site bruxellois. En juillet 2024, la direction annonce un projet de restructuration et de licenciement collectif. Dans un premier temps, on évoque une réduction du volume d'emploi et de l'activité avec une perspective de fermeture en 2025 faute d'alternative. Le 29 octobre dernier, la décision de fermeture de l'usine est confirmée lors d'un nouveau conseil d'entreprise. La date de fermeture est fixée : le 28 février 2025. Une procédure Renault et lancée pour les quelque 3000 travailleurs occupés par Audi Brussels. Sur le site, la fermeture de l’usine laisse aussi sur le carreau plus d’un millier de sous-traitants.
Nous sommes en 2007, le 14 mars. Le patron d’Audi et les représentants syndicaux scellent les bases de la poursuite des activités. Un nouvel accord salarial est conclu pour les quelque 2100 emplois qui sont conservés sur le site, avec de nouvelles conditions de rémunération, plus de flexibilité et une augmentation du temps de travail. Volkswagen Forest devient officiellement Audi Brussels.
Entre 2007 et 2009, les ouvriers restants de Forest produiront encore quelques modèles des gammes VW et Audi (VW Golf et Polo et Audi A3). Une fois la page de la production des derniers modèles VW tournée, le site de Forest devient le seul site du groupe Audi à produire l’Audi A1, le modèle d’entrée de gamme du constructeur allemand, modèle qui sera fabriqué à Forest jusqu’en 2018 à près d’un million d’unités.
Le 14 octobre 2014, la direction de l’usine et les autorités célèbrent en grande pompe la fabrication de la 500.000ème Audi A1 sur le site d’Audi Brussels.
Ensuite, Audi décide de revoir l’organisation de l’usine de Forest pour l’adapter à la production de véhicules électriques avec l’arrivée de la nouvelle Audi e-tron, un SUV. Lors de ces trois dernières années, c’est le gros SUV de la gamme électrique d’Audi qu’Audi Brussels assemble.
Le 14 décembre 2022, Audi Brussels, encore enthousiaste, lance la production de l’Audi Q8 e-tron à Forest.
Malheureusement, les chiffres de ventes des modèles électriques Audi ne suffisent pas et en février 2024, la direction du groupe annonce que le modèle Q8 produit à Forest le sera finalement en Chine et au Mexique. Quelques mois plus tôt, à l’automne 2023, les travailleurs de Forest apprennent qu’ils ne produiront finalement pas le modèle Audi Q4 contrairement à ce que la direction avait planifié. A partir de ce moment-là, les perspectives ne sont pas bonnes pour l’avenir du site bruxellois. En juillet 2024, la direction annonce un projet de restructuration et de licenciement collectif. Dans un premier temps, on évoque une réduction du volume d'emploi et de l'activité avec une perspective de fermeture en 2025 faute d'alternative. Le 29 octobre dernier, la décision de fermeture de l'usine est confirmée lors d'un nouveau conseil d'entreprise. La date de fermeture est fixée : le 28 février 2025. Une procédure Renault et lancée pour les quelque 3000 travailleurs occupés par Audi Brussels. Sur le site, la fermeture de l’usine laisse aussi sur le carreau plus d’un millier de sous-traitants.
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